Réaliser un atelier de lecture cursive en classe de langues : Robinson Crusoe

Expériences

Cet atelier de lecture cursive autour de Robinson Crusoé a été conçu pour des élèves de 6e qui se sont portés volontaires pour approfondir leurs connaissances en anglais par un travail complémentaire. Il s’est tenu tous les lundis de janvier à juin entre 13h et 14h.

Outre l’amélioration de la compréhension écrite, le but de cet atelier a consisté à réviser des points linguistiques et lexicaux déjà abordés en cours mais aussi de poser en jalon ceux qui restaient à travailler avant la fin de l’année. Les élèves ont ainsi pu à la fois consolider leurs acquis et se préparer à intervenir lors de la découverte de ces faits de langue en classe entière, montrer la voie à leurs camarades, et par là-même dynamiser leur groupe classe.

En fin de parcours, j’ai proposé deux activités ludiques : une mise en scène de passages du roman dans des décors de boîtes à chaussures, suivie d’un Escape Game en salle informatique.

Tous les documents utilisés lors de cet atelier sont disponibles ici : http://www.englishnexon.com/pages/teachers-zone-6eme/robinson-crusoe.html

 

A. Au tout début… deux séances introductives

1. La première séance commence par un travail sur huit couvertures de livres que je donne aux élèves accompagnées d’une fiche de travail sur laquelle figurent les descriptions de ces couvertures en fonction de la position de Robinson (document 1 du Padlet).

Les élèves lisent les descriptions que j’ai écrites et ils positionnent les images des couvertures en repérant des mots clefs connus de chaque phrase (je laisse le Powerpoint avec les huit couvertures pour qu’ils voient mieux les détails en couleur).

Après la correction, ils repèrent le vocabulaire – en partie nouveau – qui sera utile pour la compréhension de mes chapitres et j’en profite pour travailler les localisateurs, qu’ils découvrent quasiment tous en ce début de second trimestre (diapo 6 du Powerpoint), avec passage à l’écrit et répétitions à l’oral.

J’enchaîne avec la production d’énoncés à l’oral uniquement contenant ces localisateurs (voir les diapos 7 à 9).

Enfin, pour terminer cette séance, je fais fermer les cahiers et donne la fiche Where is Robinson Crusoe? que les élèves doivent compléter avec les bons localisateurs en trois minutes avant correction. Cette trace écrite est en partie à apprendre pour la prochaine fois (je souhaite qu’ils mémorisent au moins trois descriptions sur les six).

2. Je commence la seconde séance par un large rebrassage des localisateurs à l’aide des diapos 11 à 14 afin de davantage fixer ce contenu linguistique.

Je donne ensuite le document élève What’s on the book cover? du padlet pour travailler la description d’une couverture de livre. Cette tâche permet de préparer le vocabulaire qui va être repris tout au long de l’histoire, tout en revoyant l’emploi de This is / These are.

Avec des tablettes à disposition, je propose trois applications pour que les élèves mémorisent le vocabulaire : applis-6emes/robinson . D’ailleurs, ces applications pourront être refaites chez eux pour la prochaine fois.

Une fois tout ce travail terminé, je dis quelques mots sur l’origine de l’histoire, inspirée par l’aventure du marin écossais Alexandre Selkirk et explique le terme de ‘robinsonnade’ en demandant s’ils ont déjà lu des livres ou vu des films qui pourraient être qualifiés ainsi (Vendredi ou la vie sauvage, L’oncle Robinson, Seul au monde, Alien Covenant…).

 

B. Au cœur du sujet…

Les séances suivantes consistent en une lecture cursive du roman ‘Robinson Crusoe’ que j’ai adapté pour qu’il corresponde davantage à la fois aux besoins de mes élèves et aussi à ce qui est attendu véritablement au niveau A1/A1+ (l’intégralité des textes est disponible sur le padlet).

 

Principes généraux de la mise en place des 6 séances de compréhension écrite

Chaque séance est divisée en quatre temps :

 

1. Lecture du chapitre à haute voix par mes soins pour faciliter l’attention et la concentration des élèves

2. Lecture individuelle (10 à 15 min)

Lors de cette première étape de compréhension écrite, je ne donne aucune grille de compréhension. Celle-ci dirigerait trop leur réflexion et, pour certains élèves, une longue liste de questions serait source d’angoisse.

Je leur demande de se focaliser uniquement sur les passages du texte qu’ils sont capables d’expliquer en français. Pas en anglais – ce serait vite de la paraphrase maladroite – mais en français, oui. Aucun frein ! Ils notent donc au brouillon les éléments principaux du texte en répondant aux questions de base : Qui ? Où ? Quand ? Quoi ?

Je leur demande de faire 4 colonnes et d’y reporter les éléments qui permettent de répondre à ces 4 questions en se concentrant sur les mots qu’ils connaissent. Je leur rappelle qu’ils peuvent passer les mots connus au Stabilo pour faciliter la fabrication de sens.

 

3. Travail de groupe, phase 1 (10 à 15 min)

Il s’agit d’une phase de mutualisation toute simple. Les élèves se regroupent par trois ou quatre maximum et échangent ce qu’ils ont compris du texte.

Dans chaque groupe je demande à celui qui a été le moins à l’aise lors du travail de lecture d’intervenir en premier. Cet élève a alors de grandes chances d’annoncer à ses camarades les éléments du texte les plus faciles à comprendre et gagner en confiance en constatant que ses camarades plus à l’aise en anglais valident son travail. Quand ce premier élève a terminé, un autre prend la parole et explique ce qu’il a compris du texte, et ainsi de suite.

Pendant cette restitution orale, les autres membres du groupe ne restent pas inactifs ! Ils notent tour à tour sur une feuille de brouillon les éléments compris ; c’est une façon de les obliger non seulement à synthétiser leurs idées mais également à s’accorder. Il faut éviter qu’ils rentrent dans les détails pour ne pas empiéter sur la tâche finale.

L’activité de groupe se déroule en autonomie. Je n’interviens que pour relancer le travail (si le besoin s’en fait sentir) et valider les réponses.

 

4. Travail de groupe, phase 2 (10 à 15 min)

C’est un travail de synthèse final.

Je donne à chaque élève la fiche de compréhension que j’ai préparée et ils la complètent au sein des groupes. Chacun doit compléter sa propre fiche. Cette étape leur permet de vérifier qu’ils n’ont pas oublié de points importants dans la compréhension du texte et de rentrer dans une compréhension plus fine et détaillée si des zones d’ombre ont subsisté lors des deux premières étapes.

Le questionnaire est toujours en français pour qu’il n’y ait pas de blocage sur la compréhension d’une question. Il ne faut pas se tromper d’objectif ici. Le but n’est pas de comprendre mes questions, mais bien mon texte ! La justification quasi systématique des réponses en citant les passages du texte permet de passer par des phases de rédaction en anglais.

La partie vocabulaire permet de mettre en œuvre les stratégies d’inférence, de logique et de déduction.

L’activité de groupe se déroule toujours en autonomie mais j’interviens davantage pour valider les réponses et faire en sorte que les groupes ne bloquent pas sur une question. Le but de l’atelier étant aussi de ne pas donner du travail à faire à la maison, un certain rythme est nécessaire tout au long de l’heure pour que l’ensemble du travail soit effectué à la fin de l’heure.

 

Conclusion

L’objectif de ces six séances de compréhension du texte Robinson Crusoe, réadapté par mes soins, est de faire progresser les élèves vers la maîtrise de cette compétence. Comment cela fonctionne-t-il ?

1. Les élèves s’appuient sur des indices para-textuels pour identifier la nature du document et formuler des hypothèses sur son contenu (projet des 2 premières séances).

2. Ils repèrent des éléments significatifs (graphiques, syntaxiques, morphologiques, lexicaux et culturels) leur permettant de reconstruire le sens du texte.

3. Ils infèrent le sens de ce qui est inconnu à partir de ce qui est compris.

4. Ils s’appuient sur des indices extralinguistiques.

5. Ils segmentent en unités de sens.

6. Ils mettent en relation les éléments d’information.

7. Ils mobilisent des références culturelles pour interpréter des éléments du message.

8. Ils s’appuient sur les caractéristiques connues d’un type de texte.

9. Ils segmentent le texte pour repérer à la fois les idées clés et les articulations logiques d’un texte.

10. Ils développent leur autonomie (possibilité pour les élèves de créer une liste de mots fraîchement appris).

L’atelier vise un deuxième objectif essentiel : savoir se comporter convenablement en groupe, c’est le « vivre ensemble ». Coopérer en dépit d’éventuelles différences de points de vue, négocier, assumer sa part de responsabilité dans le cadre d’un travail collectif, et contribuer à la régulation de ce travail.

Enfin, j’espère surtout que les élèves auront pris du plaisir à lire des textes courts en anglais !

 

C. Étapes supplémentaires

Boîtes à chaussures

Les élèves peuvent ensuite réaliser des mises en scène de passages du roman dans des décors de boîte à chaussures. Ils ont trois heures pour réfléchir à la conception de leur boîte et la réaliser. L’objectif principal de cette activité n’est pas linguistique ! Il s’agit simplement de représenter un passage du livre qui les a marqués et d’écrire cette phrase quelque part dans le décor. Plutôt qu’un long discours, voici quelques réalisations finales :

Ces réalisations ont été ensuite exposées au CDI pour valoriser ce travail.

 

Escape Game

L’intégralité du jeu d’évasion est disponible ici : http://www.englishnexon.com/pages/teachers-zone-6eme/robinson-crusoe-escape-game.html

Afin de remercier mes élèves pour tous leurs efforts, j’ai terminé cet atelier par un Escape Game réalisé à partir d’un programme disponible en ligne, Genially (www.genial.ly/fr), qui permet de créer des contenus interactifs.

J’ai voulu dématérialiser au maximum et bâtir cet Escape Game en mode « aventure », c’est-à-dire sans le moindre retour en arrière possible pour une faim, euh, fin cannibalesque en cas de mauvaise réponse finale. Aussi, les élèves n’ont eu besoin que d’un seul document papier, lors du déchiffrage du rébus de l’étape 4 (voir document intitulé « Rebus » sur le site).

La séquence a consisté en un visionnage d’une bande-annonce du jeu, visible sur le site ci-dessus, que j’ai conçue pour mettre en appétit les élèves mais aussi pour y inclure un indice capital pour la fin du jeu : le nom du chien de Robinson !

 

Puis ils ont travaillé à deux par ordinateur pour résoudre les énigmes et espérer être les premiers à ouvrir un coffre que j’avais rempli de livres en anglais et d’autocollants de la WWF en nombre suffisant pour que chaque élève soit au final récompensé.

 

Cet atelier de lecture a été très positif dans son ensemble. La petite dizaine d’élèves a assisté à l’ensemble des séances et fait les activités proposées avec sourire et dynamisme. Au cours des évaluations portant sur la compréhension écrite, j’ai pu constater que les résultats obtenus s’amélioraient. Même ceux et celles qui ne se sentaient pas à l’aise avec cette compétence parvenaient progressivement à des résultats compris entre 16 et 20. Ils ne ressentaient plus de gêne, les documents à analyser en atelier étant plus longs et complexes que ceux que je donnais à travailler en classe entière ou en évaluation.

Les tâches réalisées lors de cet atelier ont également eu un impact positif sur les classes, essentiellement lors des séances portant sur les localisateurs et la nourriture, deux objectifs lexicaux largement abordés en atelier. Les élèves ayant fait partie du groupe ont toujours pris la parole pour introduire ce vocabulaire « nouveau », dynamisant alors la participation orale dans l’ensemble des classes.

Enfin, les activités ludiques en fin de parcours ont grandement motivé les élèves et mobilisé leur intelligence collective.

 

Cyril Dussuchaud

Professeur d’anglais au collège Arsène Bonneaud, Nexon

Concepteur du site www.englishnexon.com